Le cours « Aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise » a pris fin le 30 avril à Amsterdam (Pays-Bas)

Un groupe de 20 professionnels du patrimoine culturel – archéologues, archivistes et architectes – entre en scène pour évaluer les dommages causés à un site du Patrimoine mondial. Ce sont les tensions entre les deux pays qui bordent le site qui ont dégénéré en une manifestation violente et provoqué l’explosion d’une bombe à proximité immédiate de la structure historique. Les objets d’art ont été éparpillés sous les gravats et la cendre.

Les professionnels ont dû négocier avec le commandant militaire chargé de la sécurisation du site, et travailler en tandem avec les agents médicaux occupés à soigner les blessés de la zone. Ces « urgentistes culturels » ont immédiatement réparti les tâches et dressé l’inventaire des objets et documents trouvés. Ils ont également établi de toute urgence un plan de stockage temporaire en raison de prévisions météorologiques faisant état de pluies susceptibles d’endommager et d’inonder le site.

Cette scène n’est toutefois pas due à un évènement récent, et le site du Patrimoine mondial n’est pas l’un de ceux récemment affectés par une catastrophe en Irak, au Mali et même, plus récemment, au Népal. Ces urgentistes culturels agissent en effet dans le cadre du scénario hypothétique qui leur a été remis au moment le plus important de leur formation à l’Aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise. Cette formation s’est tenue à Fort Markenbinnen près d’Amsterdam (Pays-Bas). Ce scénario fictif était supervisé par plusieurs formateurs du partenariat existant entre trois organisations culturelles : le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), la Commission nationale néerlandaise de l’UNESCO et la Smithsonian Institution. Il a en partie répondu à la question que se posent de nombreux professionnels du patrimoine culturel : Que puis-je faire en situation de crise pour protéger mon patrimoine culturel ?

Les participants au cours de 2015 ont tous constaté que leurs travaux pratiques visaient à apporter une réponse à cette question.

Des urgentistes en devenir

Le cours de formation vise à renforcer les capacités des participants à prendre des mesures pour le patrimoine culturel affecté par une catastrophe et à les mettre en œuvre à l’échelle nationale ou régionale. Le cours donne aux participants l’assurance nécessaire pour devenir un « urgentiste culturel » enclin à prendre des initiatives ; sensible aux besoins humains ; respectueux du contexte local ; capable de concevoir et d’exécuter des actions de sauvetage pour protéger le patrimoine culturel en coordination avec d’autres organismes de secours ; et susceptible d’évaluer et d’atténuer les risques à venir en vue de redresser rapidement la situation. « Chacun d’entre nous retiendra quelque chose en particulier de ce cours de quatre semaines », déclare Samuel Franco Arce, l’un des participants de nationalité guatémaltèque, « mais nous sommes d’accord pour dire que nous aurons TOUS quelque chose à faire pour le patrimoine menacé par une crise une fois revenus dans nos pays ». Les participants sont également invités à soumettre, au terme du cours, des propositions de projets pour leurs pays respectifs. Les propositions présélectionnées obtiendront une subvention de démarrage du Programme de réponse à l’urgence culturelle de la Fondation Prince Claus qui siège aux Pays-Bas.

Lors du cours intensif de quatre semaines, les participants ont pris connaissance des trois étapes du Cadre de l’aide d’urgence (analyse du contexte, bilan de l’état du site, mesures de sécurité et mesures de stabilisation) et de la manière dont elles s’appliquent à une situation d’urgence complexe. Les conférenciers invités des différentes régions du monde ont fourni des informations sur les organismes humanitaires, les méthodes de travail, l’identification des risques, le droit du patrimoine et la manipulation des objets endommagés. D’anciens diplômés du cours ont présenté les actions qu’ils ont prises, au terme de leur formation, dans les régions où ils travaillent, et ouvert aux participants de cette année le réseau des professionnels de première urgence « First Aid ».

À l’heure où les professionnels culturels sont davantage sollicités pour intervenir dans des situations d’extrême urgence, les cours comme celui de l’Aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise ambitionnent de leur apporter des données d’expérience et l’assurance nécessaire pour prendre les meilleures décisions susceptibles de sauvegarder les collections, les bâtiments et les cultures dont ils sont responsables. Jonathan Eaton, l’un des participants qui travaille pour l’organisme de protection du patrimoine, Patrimoine culturel sans frontières, a fait observer que les professionnels actuels devaient « faire face à toute situation et trouver de nouvelles manières d’agir et de penser. Cela n’est pas toujours facile mais ainsi va la vie », a-t-il ajouté.

Le cours de 2015 est clos mais l’Équipe du cours prévoit d’organiser une autre session dans un an, à la Smithsonian Institution de Washington qui est l’une des organisations partenaires du dernier cours. « Ce partenariat entre l’ICCROM, la Commission nationale néerlandaise de l’UNESCO et la Smithsonian Institution est très précieux », déclare Aparna Tandon, Spécialiste de projets à l’ICCROM et responsable du cours de l’Aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise. Elle ajoute : « Nous sommes extrêmement reconnaissants à nos partenaires pour leurs contributions et espérons que l’Équipe du cours pourra continuer à former de nouveaux urgentistes culturels dans les prochaines années ».