L'Assemblée générale de l'ICCROM explore la culture comme moteur de la résilience mondiale
Rome, 11 décembre 2025 – La 34e session de l'Assemblée générale de l'ICCROM a réuni des décideurs politiques, des professionnels du patrimoine culturel et des diplomates pour un événement parallèle de haut niveau sur le thème «Culture-climat : le chaînon manquant ». Animée par la Directrice générale de l'ICCROM, Aruna Francesca Maria Gujral, la table ronde a exploré comment l'intégration de la culture dans les politiques climatiques et les stratégies de réduction des risques de catastrophe peut créer des voies plus durables pour les communautés du monde entier.
À une époque marquée par des vagues de chaleur sans précédent, l'élévation du niveau des mers et des tempêtes, des inondations et des incendies de forêt de plus en plus destructeurs, cet événement a donné lieu à un échange crucial, soulignant la nécessité de dépasser les approches sectorielles conventionnelles et d'adopter des stratégies holistiques faisant de la culture un moteur central de l'adaptation.
La discussion a souligné que la culture, matérielle et immatérielle, incarne des siècles d'expérience, de connaissances locales et de valeurs communes qui guident les communautés à travers les changements environnementaux. Lorsqu'il est mobilisé de manière stratégique, le patrimoine culturel renforce la cohésion sociale, informe les comportements conscients des risques et améliore l'adaptation menée par les communautés.
Parmi les participants figuraient le ministre de la Culture et des Sports du Guatemala, S.E. Lic. Liwy del Carmen Grazioso Immacolata ; le ministre de la Culture du Pakistan, S.E. Aurangzeb Khan Khichi ; le vice-ministre du Patrimoine culturel du ministère de la Culture de la République dominicaine, S.E. Gamal Michelen ; l'ambassadeur de l'Union européenne auprès du Saint-Siège, de l'Ordre de Malte, des organisations des Nations unies à Rome et de la République de Saint-Marin, S.E. Martin Selmayr ; l'ambassadeur du Kenya en Italie et représentant permanent auprès des organisations internationales à Rome, S.E. Fredrick Lusambili Matwang'a ; la chef du Service national pour la protection, le développement et la restauration du patrimoine culturel du ministère de la Culture et de la République d'Azerbaïdjan, Sabina Hajiyeva ; et la Directrice du Bureau du patrimoine culturel national de Lettonie, Inira Bula.
L'un des principaux résultats de la session a été la reconnaissance du fait que la culture doit passer d'une position marginale à une place centrale dans la planification climatique et l'adaptation au changement climatique, ce qui nécessite des investissements accrus, une coopération intersectorielle et une intégration dans les cadres politiques nationaux et internationaux. Les exemples concrets et les enseignements tirés partagés par les intervenants ont démontré le rôle transformateur de la culture pour leurs pays et leurs régions :
- Guatemala : la terre possède une identité vivante, et les pressions humaines fracturent cette relation. La revitalisation des pratiques ancestrales et de l'éducation a été soulignée comme essentielle pour des voies durables.
- Pakistan : bien qu'il contribue de manière minime aux émissions mondiales, le pays est confronté à de graves impacts climatiques. La perte de paysages due à des conditions météorologiques extrêmes signifie également la perte de la mémoire et de l'identité culturelles. En réponse, le Pakistan intègre le patrimoine culturel dans la planification de l'adaptation au changement climatique.
- République dominicaine : en tant que pays situé dans la zone des ouragans des Caraïbes, la sauvegarde du patrimoine constitue un mécanisme essentiel pour soutenir les systèmes d'approvisionnement en eau, le tourisme durable et la cohésion communautaire, la collaboration interministérielle jouant un rôle clé à cet égard.
- Union européenne : la culture doit jouer un rôle central dans la politique climatique. La réduction des émissions de CO2 est une priorité absolue, et des initiatives telles que le projet « Green Heritage » de l'UE montrent comment le patrimoine immatériel peut être lié à l'action climatique.
- Kenya : la culture est l'essence même de l'identité communautaire et est indissociable de la terre. Les connaissances autochtones sont à la base de la gestion de la sécheresse, de la gestion forestière et de l'adaptation menée localement. Le pays a renforcé le lien entre culture et climat en investissant dans le patrimoine numérique, le renforcement des capacités et l'économie créative, et en sensibilisant les jeunes.
- Azerbaïdjan : le pays a adopté une approche de transformation verte avec son programme « Culture for Climate » lancé lors de sa présidence de lors de la COP29. Il s'appuie sur les traditions, l'art et le patrimoine pour favoriser les changements de comportement et les solutions durables.
- Lettonie : les risques qui pèsent sur les paysages et le patrimoine bâti nécessitent une éducation précoce et la renaissance des pratiques traditionnelles en matière d'architecture et de gestion des terres.
Dans toutes les interventions, les participants ont convenu que la culture est le tissu conjonctif de la résilience : elle est le point d’ancrage de l'identité, renforce le capital social et soutient les communautés alors qu'elles font face à des risques climatiques croissants. La réduction des risques de catastrophe et l'adaptation au climat ne peuvent plus être cloisonnées, et la culture doit être reconnue comme une force motrice reliant ces deux domaines.
Le panel s'est conclu par un engagement commun à intensifier les efforts visant à préserver et à activer le patrimoine culturel en tant que ressource stratégique pour la résilience. Reconnaissant que les impacts du climat sur le patrimoine constituent un défi mondial, les participants ont souligné la nécessité pour toutes les parties prenantes de collaborer et pour les organisations internationales de jouer un rôle de premier plan. L'ICCROM se réjouit de poursuivre ce partenariat afin d'intégrer pleinement la culture dans les stratégies climatiques mondiales, en renforçant les communautés, en protégeant les identités et en promouvant des solutions durables pour les populations et la planète.

